Chez Marutea, nous croyons en un bien-être qui reconnecte au vivant, un équilibre entre le corps, l’esprit et l’énergie subtile qui nous entoure. À Pessac, où nous accompagnons celles et ceux en quête d’une approche plus naturelle de la santé et du mieux-être, les plantes médicinales occupent une place centrale. Elles ne sont pas seulement des remèdes, mais de véritables guides pour retrouver notre harmonie intérieure.
C’est précisément cette vision que partage Chloé, herbaliste et naturopathe, qui a fondé La Cabane aux Herbes dans les Vosges du Sud. À travers son parcours, elle nous invite à ralentir, à écouter la nature et à renouer avec la puissance des plantes. Comment intégrer les bienfaits des plantes dans notre quotidien ? Quels sont les gestes simples pour rétablir notre énergie ? Dans cet entretien inspirant, Chloé nous livre ses conseils pour un bien-être aligné avec la nature et les rythmes du vivant.
Candice : Ton parcours vers la naturopathie et l’herboristerie est inspirant… Quel a été le déclic pour toi ? Comment as-tu su que c’était ta voie ?
Chloé : Ingénieure agronome de formation, les plantes ont toujours eu une place importante dans mon parcours. Les enjeux de l’agriculture interrogent directement notre utilisation de la nature dans notre besoin le plus vital : se nourrir. Dans les différentes approches de cette activité, le rapport au vivant est alors fondamental. C’est cette relation à la nature modelée par nos trajectoires de vie qui m’a grandement intéressée.
Guidée par des valeurs écologiques fortes et un engagement dans la solidarité internationale, je travaille alors sur ces sujets aux quatre coins du globe. Ces expériences me mènent à la rencontre de femmes et d’hommes aux approches variées du vivant, de l’alimentation et de la santé. Les initiatives réalisées en faveur d’un développement durable tissent en miroir ma conception de la préservation des écosystèmes et celle du bien-être humain.
L’Alsace est également l’occasion pour moi de découvrir, à travers récits et ouvrages, les importantes chasses aux sorcières ayant eu lieu dans les villages de la vallée du Rhin durant la Renaissance. Femmes érudites, guérisseuses et indépendantes dérangent. Faisant écho à mes convictions personnelles, la vision de l’herboristerie comme facteur d’émancipation des femmes prend tout son sens.
C’est à la lumière de ces considérations environnementales et sociétales que je décide de rejoindre une formation de deux ans en herboristerie et aroma-phytothérapie, puis de 3 ans en naturopathie afin de m’immerger davantage dans l’univers fascinant des plantes médicinales et de la santé naturelle.
Candice : Qu’est-ce qui vous a inspiré à créer La Cabane aux Herbes avec Robin, et comment décririez-vous votre mission ?
Chloé : Ce projet est vraiment le fruit de notre rencontre et de la fusion de nos univers respectifs : les plantes de mon côté et l’architecture pour Robin, avec en trame nos valeurs communes. Nés dans les années 90, nous sommes témoins d’un monde en perpétuelle quête de productivité, marqué par des bouleversements écologiques et un rythme effréné. Animés par une volonté de consacrer notre temps à un projet pérenne et sensé à long terme, nous avons eu besoin de prendre un peu de recul pour lui donner forme.
C’est grâce au voyage, à l’introspection qu’il offre et aux rencontres qu’il apporte, que nous avons pu rêver et commencé à imaginer la Cabane aux Herbes. Ce serait un lieu où une construction biosourcée et autonome pourrait former le couteau-suisse d’un atelier de production et de transformation de plantes aromatiques et médicinales cultivées en agro-écologie.
Candice : Votre microferme est située dans les Vosges du Sud. En quoi cet environnement influence-t-il votre travail avec les plantes ?
Chloé : Nous avons trouvé le terrain par le biais de petites annonces déposées dans des commerces de proximité du Sud des Vosges, en privilégiant un contact direct. Et puis, un beau matin de février 2023, nous avons reçu l’appel qui nous mènerait à la rue des Oiseaux, à Chaux, petit village à l’extrémité méridionale du Parc naturel régional des Ballons des Vosges.
Cet environnement façonne profondément notre travail de paysans-herboristes et nos cueillettes sauvages. Le climat vosgien, marqué par une influence montagnarde, offre une alternance entre fraîcheur et humidité, conditions idéales pour de nombreuses plantes médicinales. Les prairies naturelles, les lisières forestières et les sous-bois regorgent d’une biodiversité précieuse, où nous trouvons des espèces endémiques et adaptées à ce terroir. Nous y cueillons avec respect des plantes emblématiques comme l’achillée millefeuille, l’ail des ours, l’alchémille, la reine-des-prés ou encore le millepertuis, tout en veillant à préserver ces ressources en adoptant des pratiques de cueillette durable.
Au fil des saisons, nous nous adaptons aux rythmes naturels de ce territoire : la floraison tardive due aux nuits fraîches du printemps, les périodes de sécheresse estivale qui influencent le développement des plantes aromatiques, ou encore les premiers froids qui ralentissent la croissance végétale à l’automne. Cet équilibre délicat nous pousse à une observation fine et à une approche respectueuse du vivant, où chaque plante récoltée est le fruit d’un dialogue attentif avec la nature qui nous entoure.
Et puis, les Vosges du Sud ont quelque chose de magique, un souffle ancien qui habite leurs forêts brumeuses, leurs rivières et lacs scintillants et leurs sommets ondulants. Ici, la nature chuchote des légendes au creux des racines, les saisons peignent des paysages féeriques, et l’air embaume de mystères. C’est un territoire où le temps semble suspendu, invitant à l’émerveillement et à la rêverie.

Candice : Y a-t-il une plante qui t’accompagne particulièrement en ce moment, comme une alliée précieuse pour ton équilibre personnel ?
Chloé : En ce moment, c’est la flouve odorante qui m’accompagne, une graminée discrète que j’ai découverte presque par hasard et qui m’a tout de suite fascinée. Simple en apparence, presque invisible parmi les hautes herbes, elle révèle toute sa magie quand on la froisse séchée entre les doigts : une odeur douce et sucrée, entre la vanille, la fève tonka et le foin coupé, qui éveille un sentiment de calme, d’évasion et de familiarité. trouvons des espèces endémiques et adaptées à ce terroir. Nous y cueillons avec respect des plantes emblématiques comme l’achillée millefeuille, l’ail des ours, l’alchémille, la reine-des-prés ou encore le millepertuis, tout en veillant à préserver ces ressources en adoptant des pratiques de cueillette durable.
Au fil des saisons, nous nous adaptons aux rythmes naturels Cette plante me rappelle que la beauté réside souvent dans la simplicité, que la nature regorge de trésors discrets qui n’attendent qu’un regard attentif pour se révéler. Son parfum m’apaise, m’ancre, me reliant l’instant présent aux souvenirs de prairies d’été et de voyages plus lointains. Une alliée précieuse, humble et généreuse.
Candice : Quel est ton plus beau souvenir sensoriel lié aux plantes ? Une odeur, une saveur ou un moment qui t’a profondément marqué ?
Chloé : C’est la verveine citronnée qui me vient, comme une alliée intime et précieuse. Son parfum me ramène en Charente, chez ma mamie de 94 ans, une battante, un modèle de force et de résilience. L’été, on buvait souvent une tasse en jouant au Scrabble, pendant que mon papi arrosait le jardin. Lui aussi m’a transmis quelque chose de précieux : l’amour de la terre, ce regard attentif aux cycles de la nature, la patience d’attendre et d’observer avant d’agir, la transmission des récoltes. C’est eux qui m’ont donné l’envie de réunir et de partager les fruits de la nature et d’un travail passionné autour d’une table.
Préparer une tisane, c’est bien plus qu’un geste quotidien. C’est une transmission, un lien entre les générations, un témoignage d’attention et de soin. De la plante à la tasse, il y a tout un monde : celui du partage, des souvenirs, des petites habitudes qui tissent l’amour sans avoir besoin de mots. Aujourd’hui encore, l’odeur de la verveine me relie à ces instants simples et profonds, à ces étés insouciants, et à ceux qui m’ont appris à écouter la nature autant qu’à la chérir.
Candice : Tu prônes une approche minimaliste des cosmétiques et du bien-être. Quels sont, selon toi, les indispensables à avoir chez soi pour prendre soin de soi naturellement ?
Chloé : J’ai toujours eu du mal avec les routines de soin complexes, que je trouve chronophages et souvent agressives pour ma peau. Avec le temps, j’ai simplifié mon approche et me tourne aujourd’hui vers des compositions épurées : hydrolats, macérats huileux et baumes à la cire d’abeille, sans parfum ni huiles essentielles. Des soins minimalistes, entièrement basés sur les plantes, qui me permettent de me reconnecter à la nature.
J’aime savoir exactement ce que j’applique sur ma peau, sans superflu ni ingrédient inutile. Cette transparence me rassure, surtout lorsque je connais l’origine des plantes, leurs conditions de culture et de transformation. C’est une façon simple et essentielle de prendre soin de moi, en respectant autant mon corps que l’environnement.
En ce moment, j’utilise de l’hydrolat de bleuet pour me nettoyer le visage le soir et j’applique ensuite notre baume « Regard de biche » à base de macérats huileux de camomille matricaire et bleuet. Le matin j’aime simplement me réveiller avec une brume visage à base d’eaux florales, c’est tonique et fleuri. Pour le reste, j’utilise tout simplement un baume universel réalisé à partir de plantain, consoude et calendula. Un produit aux multiples fonctions : piqures de moustique, sécheresse, eczéma, brulure, cicatrice, entorse… les utilisations sont infinies !
Candice : La permaculture et la cueillette sauvage sont au cœur de ton travail. Y a-t-il une plante sauvage que l’on pourrait facilement récolter et utiliser pour notre bien-être ?
Chloé : Sans aucun doute l’ortie (c’est même le nom que j’ai donné à mon chat) ! C’est l’une des plantes sauvages les plus accessibles et précieuses pour notre bien-être. Trop souvent perçue comme une mauvaise herbe à éviter, elle est en réalité une alliée extraordinaire, notamment pour sa richesse en minéraux comme le fer, le calcium, le magnésium et la silice.
Elle est facile à reconnaître et à récolter (avec des gants !), elle se consomme sous de nombreuses formes : en infusion, en soupe, en pesto ou même en macérât huileux pour fortifier la peau et les cheveux. Reminéralisante, tonique et revitalisante, l’ortie est une plante du quotidien qui aide à renforcer le corps en douceur, tout en nous reconnectant à la simplicité et à l’abondance de la nature.
Candice : Il y a parfois une forme de magie dans notre lien aux plantes… As-tu déjà vécu un moment où une plante t’a semblé “t’appeler” ou répondre exactement à ce dont tu avais besoin ?
Chloé : Je suis très sensible aux odeurs et aux saveurs, et c’est ce que nous mettons en avant à la Cabane aux Herbes en proposant des saveurs et soins botaniques inventifs. Pour moi, les bienfaits d’une plante sont intimement liés aux émotions qu’elle éveille à travers nos sens : la beauté de ses couleurs, la texture de ses feuilles sous les doigts, la puissance de son parfum, la subtilité de son goût.
Mon passage de quelques mois auprès d’un maître parfumeur au Vietnam m’a permis d’affiner cette perception, et aujourd’hui, j’assemble mes infusions comme des parfums, en jouant avec les notes aromatiques et les harmonies. Au jardin, je me laisse guider par mes sens et surtout mon odorat : certaines plantes aux senteurs douces et enveloppantes m’apaisent (comme la camomille matricaire ou la verveine citronnée), d’autres, plus vives et résineuses, me stimulent (comme le romarin, l’hysope ou le thym), certaines me font voyager quand j’en ai besoin (sauge ananas, tagète passion, estragon du Mexique…) . Mon corps devient une boussole, instinctivement attiré par l’odeur dont j’ai besoin sur l’instant. Ce lien profond et intuitif avec les plantes donne parfois l’impression qu’elles m’indiquent exactement ce dont j’ai besoin, au bon moment.
Candice : Depuis la création de La Cabane aux Herbes, quel est le moment qui t’a le plus émue ou qui t’a confirmé que tu étais à ta juste place ?
Chloé : Il y a eu tant de moments marquants depuis la création de La Cabane aux Herbes : les visites des proches et leur aide précieuse (surtout de mes parents qui viennent depuis Pessac pour prêter main forte dès qu’ils peuvent), les rencontres spontanées avec des randonneurs longeant le jardin, les moments d’émerveillement offerts par les plantes et la faune sauvage… Impossible d’en choisir un seul. Depuis avril 2023, ce lieu a été traversé par mille émotions, du rire aux larmes, des doutes aux certitudes, des périodes de difficultés aux instants de légèreté et de sérénité.
Ce que je sais, c’est que je suis exactement là où je dois être. Quand je suis seule au jardin, je ressens un profond ancrage, et quand je peux partager cet univers, je me sens pleinement à ma place et utile. Comme une plante qui s’épanouit là où elle a trouvé la bonne terre, je me sens enracinée, nourrie par cette aventure et par chaque rencontre qui vient enrichir le sol de cette belle histoire.
Candice : À travers ton travail, tu invites à ralentir et à savourer les petites choses. Quels sont tes propres rituels pour cultiver cette douceur dans ton quotidien ?
Chloé : Il y a des périodes où ralentir est plus facile que d’autres. Les projets s’enchaînent, les idées fusent, et j’ai souvent tendance à trop en faire… Mais avec le temps, j’apprends à écouter mes limites et à cultiver des moments de pause essentiels.
Parmi eux, la tisane est mon rituel préféré, une bulle hors du temps qui me recentre et m’apaise. Tout commence par l’ouverture du paquet : les premières effluves s’échappent, fraîches, herbacées, parfois citronnées. Je plonge les doigts dans les plantes séchées, en ressens la texture, entre velours et craquant, avant de les émietter doucement et de les plonger dans l’eau.
Vient l’infusion, presque alchimique : l’eau chaude change de couleur, du doré lumineux au vert ambré en passant par un bleu incroyable pour la mauve de Mauritanie. Dans la tasse, les arômes se révèlent pleinement : douceur miellée de la camomille, notes de fruits rouges du shiso pourpre, saveurs anisées de l’agastache. Les parfums s’intensifient, révélant des notes plus profondes, boisées, rassurantes. Entre mes mains, la tasse diffuse sa chaleur, enveloppante, et chaque gorgée devient une invitation à la lenteur, un dialogue silencieux avec les plantes.
Ce rituel simple me rappelle que ralentir, c’est aussi savourer. Prendre le temps d’observer, de respirer, de sentir. Un ancrage subtil qui me ramène toujours à l’essentiel et au moment présent.
Candice : Le printemps est une période de renouveau. Quels conseils donnerais-tu à nos lectrices pour bien vivre cette transition, sur le plan physique et émotionnel ?
Chloé : Le printemps est une saison de renouveau, mais il ne faut pas se sentir obligée d’aller aussi vite que la nature qui s’éveille. Tout comme les bourgeons prennent leur temps pour éclore, nous avons le droit d’accueillir cette transition en douceur, à notre propre rythme.
Plutôt que de se précipiter dans une dynamique de « grand ménage », de détox agressive ou de remise en forme soudaine, je conseille avant tout d’observer, d’écouter et de profiter des petits plaisirs simples. Une balade en pleine nature, sentir l’air plus doux sur la peau, observer les premières fleurs et les jeunes pousses… C’est une saison idéale pour se reconnecter aux cycles naturels et s’imprégner de cette énergie naissante sans pression.
Les cueillettes sauvages offrent aussi un merveilleux moyen de se reconnecter : ramasser quelques jeunes pousses d’ortie pour une soupe reminéralisante, glisser quelques feuilles d’ail des ours dans une salade ou tester une limonade pétillante aux fleurs de sureau.
Côté cuisine, la nature regorge d’inspirations : un risotto de petit épeautre aux primevères, des rouleaux de printemps à l’égopode ou encore un cake moelleux à la camomille ananas . Autant de recettes simples qui permettent d’intégrer les saveurs du printemps dans nos assiettes et de vivre cette transition en douceur, sans précipitation
L’approche de Chloé résonne profondément avec notre vision du bien-être holistique à Marutea. Que l’on parle de soins énergétiques à Pessac, d’équilibre émotionnel ou de rituels naturels, tout converge vers un même besoin : ralentir et se reconnecter à soi et à la nature. Les plantes nous rappellent que notre énergie et notre vitalité dépendent de l’attention que nous portons à notre environnement et à notre corps.
Si vous êtes à la recherche d’un bien-être plus ancré et plus aligné avec votre énergie intérieure, pourquoi ne pas commencer par une infusion consciente, une cueillette sauvage ou un moment de respiration en pleine nature ? Et si le premier pas vers l’harmonie passait simplement par le fait d’écouter ce que la nature a à nous dire ? 🌿✨